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Tuesday 12 March 2013

"HAPPY AS A TEACHER IN CANADA"

This is an article from a French daily newspaper, which on the paper's website is available only to subscribers. As I thought it of interest to my Canadian friends (who are, of course, all bilingual), I decided to put it here, at least until they tell me to yank it or die. From my memories of living in Canada, Canadians rarely realize other nations' admiration or envy of them. 
With thanks to Le Figaro (France)


Les élèves de la Lawrence Heights Middle School, qui appartient au réseau des «écoles modèles» accueillant un public défavorisé dans la banlieue de Toronto.
Les élèves de la Lawrence Heights Middle School, qui appartient au réseau des «écoles modèles» accueillant un public défavorisé dans la banlieue de Toronto.

REPORTAGE - Les enseignants canadiens ne comptent pas leurs heures et chouchoutent leurs élèves. Mais ils sont mieux payés qu'en France.

Envoyée spéciale à Toronto et Montréal
Alors que la crispation sur la réforme des rythmes scolaires est à son comble en France où une partie des enseignants s'enfonce dans la sinistrose, rien de tel au Canada. Pour Catherine (*), professeur à la Lawrence Heights Middle School, un collège de la banlieue défavorisée de Toronto, il est «naturel», ce semestre, de donner vingt-huit heures de cours par semaine, sans compter une dizaine d'heures d'activités parascolaires bénévoles. Concrètement, elle reste dans l'école de 9 h 15 à 18 heures, cinq jours par semaine.
Pour couronner le tout, cette enseignante est «bivalente», comme une partie de ses collègues. Elle enseigne les mathématiques et le «langage», tandis qu'Aldwin, un autre professeur, enseigne indifféremment la musique et les arts plastiques. Pour Catherine, «travailler au-delà de ses heures de cours, jongler d'une matière à l'autre, ça fait partie du job». Dans un autre établissement, à Montréal, Julie passe indistinctement du cours magistral de mathématiques au cours d'informatique et à celui de robotique. Les enseignants sont embauchés localement par les «conseils scolaires» où siègent des représentants des parents. Si on demande à chaque enseignant de collège et lycée d'être «spécialisé» dans une discipline, il aura le plus souvent à faire classe dans deux matières.
Bien que confrontés à des enfants parfois difficiles, les enseignants de la Lawrence Heights Middle School se disent satisfaits de leur sort. «En Ontario, tout le monde veut devenir professeur», expliquent-ils. Chaque conseil scolaire détermine le salaire des enseignants, après négociation avec le syndicat local. Le nombre d'années d'études et l'expérience sont pris en compte. En Ontario, l'échelle des salaires oscille de 2300 € à 4300 € par mois, des montants de 50% supérieurs à ceux d'un professeur français.
«Lorsqu'on a un bon diplôme, on peut commencer aux alentours de 45.000 à 50.000 dollars et finir à 100.000 dollars», détaille Nikki MacDonald, 24 ans, étudiante en sciences de l'éducation à l'université de Toronto. La jeune femme cherche un emploi de professeur à l'étranger, en Biélorussie ou au Koweït, car le nombre d'étudiants canadiens souhaitant devenir professeur excède le nombre de places. Certes, la démographie canadienne est en berne. Mais les gouvernements provinciaux n'ont pas besoin de ces campagnes publicitaires à la française qui fleurissent actuellement pour attirer des recrues…

Grâce à son statut d'«école modèle», la Lawrence Heights Middle School, reçoit un budget 15 % supérieur à celui d'un collège standard.
Grâce à son statut d'«école modèle», la Lawrence Heights Middle School, reçoit un budget 15 % supérieur à celui d'un collège standard.

Animation parascolaire

Les professeurs canadiens s'engagent à développer des activités «parascolaires»: aide aux devoirs en petits groupes, club de badminton, de football, club théâtre, d'échecs, de «débat», activité vidéo, programme «de leadership», atelier de bandes dessinées, voire club «gay friendly» ou féministe. Ces activités sont organisées lors de la pause de midi ou après les cours, à partir de 15 h 30. «C'est une source de motivation. Cela nous permet de connaître parfaitement nos élèves, à la fois dans le contexte scolaire, disciplinaire. Mais aussi dans une ambiance plus ludique», explique Catherine.
Contrairement aux États-Unis où les enseignants sont rémunérés lorsqu'ils organisent ce type d'activités, ces dernières sont considérées comme «volontaires» même si une pression implicite existe bel et bien au sein des établissements pour que les enseignants participent. «Cela fait partie de notre tradition même si certains rechignent», explique l'un d'entre eux. Les professeurs effectuent au moins une activité extrascolaire pendant l'année. Toutefois, beaucoup se concentrent sur un semestre. Et certains refusent d'en faire… Les enseignants des provinces de l'Ontario et de la Colombie-Britannique ne sont pas rémunérés alors que dans le Manitoba, ils peuvent recevoir un jour ou deux en échange de leurs heures supplémentaires.
Convivialité, ouverture, simplicité, cordialité sont les mots qui reviennent le plus souvent pour qualifier les relations entre professeurs et élèves: «Il y a beaucoup d'amitié et un grand respect des uns envers les autres», «Le prof n'est pas le suprême boss qui détient tous les pouvoirs, c'est plutôt quelqu'un avec qui on discute. C'est l'idéal pour apprendre et avoir envie de travailler»… L'école canadienne s'avère être un «vrai lieu d'échanges, un monde à part entière avec sa cohérence sociale», selon une enquête du programme international d'échanges scolaires (PIE).
En ce début d'année, ces deux enseignantes de la Lawrence Heights Middle School n'ont pas hésité à participer à l'organisation de la «fête des lumières». Lors d'un cérémonial multiculturel qui méduserait une partie des enseignants français, les élèves défilent fièrement sur la scène de la salle de sport polyvalente, vêtus des costumes traditionnels de leur pays d'origine: Afrique de l'Est, Inde, Pakistan, Chine, Caraïbes. En arrière-fond, des vidéos évoquent de façon positive les fêtes religieuses du monde, passant sous silence les différences spirituelles et historiques. Le tout sous les applaudissements enthousiastes du personnel et des élèves, souvent fraîchement immigrés. Le principal, David deBelle, explique vouloir instaurer un «esprit d'adhésion et d'amour de l'école». Ce type d'activités parascolaires assure la qualité des rapports au sein de la communauté éducative, affirme-t-il. Le fait d'inculquer aux enfants les vertus du multiculturalisme limite aussi, selon lui, l'échec scolaire.
Il serait facile de balayer d'un revers de main l'ambiance «Bisounours» de ce collège qui appartient aux 150 «écoles modèles» de l'agglomération. Ce réseau a été créé en 2006 pour pallier le manque d'assiduité scolaire des enfants et leurs faibles résultats. Implanté au sein d'une banlieue peuplée de travailleurs pauvres, le collège reçoit ainsi un budget de 15 % supérieur à celui d'un établissement normal, selon Manon Gardner, la responsable académique. Les élèves qui souffrent de problèmes d'audition et dentaires se voient proposer des soins gratuits. Un petit déjeuner et un déjeuner sont systématiquement offerts. Et les enfants sont limités à 25 par classe. «Il y a quatre ans, nous comptions 75 exclusions d'élèves par an. Nous n'en comptons plus que 5», affirme-t-elle.

Des activités scolaires sont proposées systématiquement après les cours.
Des activités scolaires sont proposées systématiquement après les cours.

Un bon moyen d'intégration

Le fait que les élèves soient «chouchoutés» contribue à cette réussite. Régulièrement, un professeur «mentor» les interroge sur leur forme, leur bien-être, l'avancée de leur travail. La mise en valeur de chaque collégien est constante. Le long des murs de l'établissement Pierre-Dupuis de Montréal, des panneaux avec photos promeuvent l'attitude «positive» de Zénab, l'assiduité et ponctualité de Stéphanie, les «efforts et progrès» de Gabriel. En cinq ans, ce collège a réussi à redresser la barre à force d'innovation. Si plus de 80 % des élèves décrochaient avant la fin de leurs études, ils ne sont plus que 52 % aujourd'hui. «C'était une école violente. Elle est devenue une école calme à force d'attention et de personnel supplémentaires», souligne Danielle Roberge, la directrice. Le quartier ouvrier du centre sud de Montréal où est implanté l'établissement cumule pourtant les difficultés: monoparentalité, faibles revenus des parents. «Souvent, ces derniers n'ont pas réussi et leur image de l'école est mauvaise», poursuit-elle.
Comme à l'«école modèle» de Toronto, des activités scolaires sont proposées systématiquement après les cours «parce qu'ici ils sont mieux qu'à la maison», souligne la directrice. À chaque pause, l'école diffuse Les Quatre Saisons de Vivaldi et les élèves portent le même tee-shirt bleu marine. «C'est plus simple, on n'a pas à choisir ses vêtements le matin et tout le monde est au même niveau», affirme Melissa, 14 ans, fille d'un père algérien et d'une mère salvadorienne, grande amatrice de football féminin.
Revers de la médaille, si quelques milliers d'«écoles modèles» bénéficient de moyens supplémentaires à travers le pays, ce n'est pas le cas de toutes. À Toronto, les représentants des parents dénoncent régulièrement l'état délabré de tel ou tel établissement. Nombre d'activités «parascolaires» déléguées à des associations sont payantes à Montréal, et parfois très onéreuses, toujours au grand dam des parents, qui s'en plaignent dans la presse.
Au Québec, près de la moitié des enseignants sont touchés par une forme de précarité en raison de leur nombre pléthorique. Enfin, en Ontario, une partie des professeurs en grève depuis janvier n'assurent plus leurs «activités parascolaires» pour protester contre un changement législatif…
Les conclusions de l'enquête internationale Pisa qui analyse les résultats des élèves de quinze ans en langue et mathématiques sont cependant toujours à l'avantage du Canada. Le pays figure dans le peloton de tête, après la Corée, la Finlande, Shanghaï, Hongkong et Singapour. En interne, certains s'inquiètent parfois d'une pédagogie jugée trop laxiste. Mais ce pays reste l'un de ceux où les différences d'origine sociale ont le moins d'impact sur les résultats scolaires. Le Canada et ses enseignants savent bien mieux intégrer leurs immigrés que la France par le biais de l'école… Peut-être parce qu'aucun sujet n'y est tabou. Dès le plus jeune âge, l'origine des élèves en difficulté (populations minoritaires, enfants d'immigrés…) est identifiée. Et des prises en charge transversales, tant scolaires que psychologiques ou médicales sont proposées.

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